En rappel, le quartier Congo où sera construit ce marché est situé dans l’arrondissement de Douala 2ème et est limitrophe avec le quartier New-Bell qui abrite le célèbre « Marché Central » de Douala. New-Bell lui- même est limitrophe avec le quartier Nkololoun qui comprend aussi un marché qui fonctionne de façon informelle depuis plusieurs décennies. C’est dire que l’aire géographique que constituent ces quartiers de Douala 2ème se définit comme une zone commerciale que la Communauté Urbaine de Douala compte doter d’infrastructures modernes en lieu et place des constructions artisanales des actuels marchés Congo et Nkololoun. Le Marché Central de New-Bell, lui, a bénéficié des infrastructures relativement modernes vers les années 80, même si près de 40 ans après, elles nécessitent aussi une profonde réhabilitation.
Le contrat de partenariat relatif au projet du marché Congo porte sur le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance dudit marché. Il a été signé le 12 Septembre 2012 entre la Communauté Urbaine de Douala comme partenaire public et la société South-West International Construction Corporation for « Marché Congo » Management (SICC-MCM).
Mais en raison des difficultés qu’a éprouvées le partenaire privé SICC MCM à achever un projet qui, en janvier 2019, était encore au stade des fondations et de pose de 56 éléments métalliques (poutres, poteaux) sur une surface de 31 m x 13 m, les parties au contrat ont convenu d’aller vers la solution de cession du contrat à un autre partenaire disposant des capacités techniques et financières. Non seulement, une telle disposition était prévue par l’article 16 de la loi n°2008/009 du 16 juillet 2008 fixant le régime fiscal, financier et comptable applicable aux contrats de partenariat, mais l’article 7 du contrat signé entre la CUD et SICC MCM le prévoyait, et en indiquait les modalités pratiques. Les parties ont donc mis en exécution cette disposition de cession du contrat qui, après accord du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, obtenu par sa correspondance N° 0372/CF/CAB/PM du 08 avril 2019 à l’attention de la C.U.D., a abouti à la désignation formelle de NEO INDUSTRY S.A. comme cessionnaire. Celui-ci, après avoir signé en juillet 2019 l’avenant au contrat qui formalisait ce changement, a créé une nouvelle société de projet dénommée NEO CONGO MALL. Il a aussi proposé un changement du schéma technique du projet qui, au terme des discussions avec le partenaire public, appuyé à l’occasion par le CARPA, a abouti aux nouvelles caractéristiques ci-après du projet :
- Deux (02) blocs A et B (comme dans le schéma précédent), d’une superficie de 51 300 m² pour abriter environ trois mille (3 000) boutiques dont la superficie varie entre quatre (04) et trente
(30) m² ;
- le revêtement de la façade principale allie aluco-band sur la partie inférieure et enduits en béton sur la partie supérieure des murs ;
- le plafond sera un faux plafond modulaire mécanique à capacité coupe-feu ;
- le plancher sera en carreaux grés, antidérapant ;
- une passerelle divisera le Bloc B en deux, compte tenu de sa longueur afin de réduire l’effet de
la monotonie ;
- le bâtiment A est projeté est un en R+2 avec un dôme central liant les deux édifices sur chaque bloc ;
- des ascenseurs et monte-charges y sont prévus ;
- un restaurant moderne est prévu à l’étage au sein de chaque bloc ;
- seul le Bloc B abritera un parking
- Sont aussi intégrés dans le projet : une pharmacie, un supermarché, un fast-food, un snack bar et les open-spaces spécialisés selon les secteurs d’activités (électronique, tailleurs, onglerie, lunetterie).
Le tout, pour un coût arrêté à 28 milliards FCFA dont le financement est entièrement à la charge de NEO INDUSTRY qui se propose de lever une bonne partie par la dette (internationale et locale).
1. Caractéristiques principales du contrat
Durée du contrat : 30 ans dont :
- 2 ans pour la réalisation des travaux
- 28 ans pour l’exploitation, la gestion et la maintenance
- Rétrocession à la Ville de Douala, à la fin du contrat, par le partenaire privé, de l’ensemble des bâtiments et équipements (bien de retour) constituant le Centre Commercial de Congo
Apport de la CUD :
- Patrimoine foncier
- Facilités fiscales et douanières accordées par l’Etat, à travers la loi n°2008/009 du
16 juillet 2008
- Garantie partielle auprès des créanciers
Apport du Partenaire Privé :
- Financements
- Expertise
- Qualité du service
- Redevances à payer à la CUD en phase d’exploitation
- Frais d’expertise à payer au CARPA en phase d’exploitation
Conditions préalables ayant conditionné l’entrée en vigueur du contrat :
- L’enregistrement du contrat,
- La délivrance du permis de bâtir,
- La signature d’un arrêté d’affectation du patrimoine foncier au partenaire privé,
- La signature du procès-verbal de mise à disposition du
Il est important de relever que le Délégué du Gouvernement auprès de la C.U.D. a obtenu une
délibération du Conseil de la Communauté lui autorisant d’engager ce partenariat.
2. Les objectifs de performance assignés au partenaire privé
Ces objectifs portent sur les aspects ci-après :
En phase d’investissement :
- Respect des plans d’exécution, par rapport à l’offre technique validée
- Respect des de la qualité des matériaux et des équipements en phase de finition, par rapport
à l’offre technique validée
- Respect des normes dans tous les corps de métier : architecture, génie civil, électricité,
assainissement, etc …
- Respect de la nature, de la quantité et de la qualité des équipements lourds et du mobilier
prévus dans l’offre technique validée
- Respect du dispositif de sécurité incendie prévu
- Pendant le déroulement des travaux, respect des seuils d’indicateurs sur la sécurité des
personnes :
- Aucun accident mortel
- Moins de 10 cas d’accidents avec arrêt de travail
- Moins de 50 presqu’accidents
En phase d’exploitation :
- Propreté à chaque début de journée, des toilettes, couloirs, ascenseurs et autres espaces communs ;
- Evacuation journalière des bacs à ordures
- Mise en place d’un système de secourisme et de premiers soins en faveur des usagers
- Fonctionnement en continu des caméras de surveillance (taux de disponibilité de 90% par appareil, mise en place d’un système de redondance), avec stockage des images sur 6 mois au moins
- Taux de disponibilité de 90% des équipements de service
- Obligation de remise du règlement de service validé par les parties, à chaque commerçant
- Obligation de publication du règlement du service pour sa partie destinée aux usagers
- Traitement équitable des usagers, par respect du règlement de service
- Temps de réponse aux requêtes des usagers inférieur à 3 jours
- Délai de réparation d’un préjudice aux usagers et aux commerçants : inférieur à 7 jours
- Disponibilité du dispositif de livraison des marchandises : taux à définir
3. Déroulement du projet
Avant le début des travaux, les études ci-après ont été réalisées :
Etudes de marché : elles ont confirmé une forte de demande par type de boutiques, et ont établi une grille de prix que les commerçants sont en mesure de supporter. Cette étude a revélé que les attentes des commerçants sont par ordre d’importance:
- la construction d’un marché moderne (86%);
- les toilettes publiques (57%);
- la normalisation du réseau électrique (49%);
- la construction des infrastructures (41%)
- un loyer abordable (36%) .
Sondages et des études géotechniques : elles ont confirmé la démolition des anciennes fondations, en vue de leur reprise
Etudes architecturales et de génie civil ;
Conception du système électrique autonome et du système de sécurité incendie ;
Etudes d’exécution.
Les travaux du Bloc A ont commencé en octobre 2019 par la réalisation des installations de chantier. Elles sont faites de baraquement pour les travaux métalliques, stockage de matériels et divers, mais aussi de containers étagés équipés de façon moderne pour abriter les bureaux et les salles de réunion.
Il y a eu une cérémonie de pose de la 1ère pierre par le MINDDEVEL le 29 novembre 2019, date à laquelle ont commencé les travaux de terrain proprement dit, lesquels se poursuivent à ce jour et sont rendus au niveau du coulage de la dalle. Les fondations, le remblai, les poteaux et les poutres du rez- de-chaussée sont coulés. Les travaux sont réalisés par la société CAMBUILD.
Les travaux du bloc B sont prévus commencer un peu plus tard au cours de cette année 2020, pour se terminer en Septembre 2021 pour les deux blocs.
Il faut dire pendant les trois mois de l’exercice 2019 au cours desquels les travaux se sont déroulés (octobre à décembre 2019), seule la partie fondation jusqu’aux amorces de poteaux a pu être réalisée.
La rigueur et le sérieux que mettent NEO CONGO MALL et ses cocontractants dans lesdits travaux se ressentent au niveau l’appareillage topographique utilisé sur le site, les essais de compactage et ceux sur les carottes de béton afin de s’assurer du respect des spécifications techniques imposées par les études.
Près d’une centaine d’ouvriers se trouve au chantier, à diverses tâches, arborant tous des équipements de protection individuelle, même s’il faut déplorer le fait que certains ne sont pas adaptés et le port des gants de sécurité n’est pas systématique. Pourtant, toute une organisation HSE (Hygiène -Sécurité
– Environnement) est mise en place avec un responsable sécurité dont la tâche au chantier est non seulement d’élaborer et de mettre à jour le plan prévisionnel HSE, un protocole sécurité, mais aussi de veiller à tout instant à son suivi, à travers une veille et une vigilance accentuées. Celles-ci méritent cependant d’être renforcées, au regard de quelques cas d’incidents et d’accidents avec arrêt de travail enregistrés en 2019 et qui auraient pourtant pu être évités. Ces cas sont décrits plus loin en bas.
4. Impacts socio-économiques du projet
Bien que n’étant pas encore dans sa phase d’exploitation, le projet de construction du marché Congo a déjà eu à produire des impacts sur les plans social et économique dans sa phase actuelle de travaux d’investissement.
Quelques uns de ces impacts sont les suivants :
a. Au plan social
Comme vu plus haut, la société de projet NEO CONGO MALL, spécialement créée pour les besoins du projet, emploie des camerounais, de manière directe. Il s’agit donc là de familles qui vivent grâce audit projet, avec comme corollaire la préservation de l’harmonie familiale et la réduction de la pauvreté. Il y a lieu d’ajouter également les familles qui vivent indirectement des travaux menés dans le cadre du projet, à savoir les familles des nombreux personnels des sociétés cocontractantes telles que CAMBUILD, CONCEPT BUILDING SERVICES, VERITAS, ARTEC, S.T.S., etc…
A travers ces emplois créés, le projet contribue ainsi à l’atteinte de l’objectif de développement durable n°8 des Nations Unies qui est de « Promouvoir une croissance économique durable, inclusive et durable, un plein emploi productif et un travail décent pour tous ».Sur tout un autre plan, même si l’on peut déplorer la faible représentativité des femmes dans les effectifs de NEO CONGO MALL et de ses cocontractants, l’on se réjouit tout de même de ce que le sexe féminin se retrouve parmi les ouvriers de chantier, dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes, notamment la confection des armatures (fer à béton).
c. Au plan économique
Il y a lieu de relever que dans l’actuelle phase des travaux de construction, une des retombées économiques majeures du projet réside tout d’abord dans les revenus gagnés par tous ceux qui y travaillent : employés de NEO CONGO MALL et ceux de ses cocontractants, y compris les assureurs. Les 2,8 milliards FCFA déjà dépensés sur le projet par NEO CONGO MALL pendant l’exercice 2019 sont assez révélateurs de ces retombées économiques.
Le corollaire de cela est l’impôt sur le revenu des personnes physiques retenu dans les différents salaires, pour être reversé dans les caisses de l’Etat. Le projet a donc une certaine incidence sur l’augmentation des recettes de l’Etat.
Au rang des revenus gagnés par les prestataires du projet, il y a lieu de citer les fournisseurs locaux des matériaux les plus importants utilisés au chantier pendant l’exercice 2019 mais dont les volumes et les quantités n’ont pas été communiqués. Il s’agit par exemple du ciment, des granulats provenant des carrières qui se situent aux alentours de la ville de Douala, le fer à béton, le bois de coffrage et les remblais de terre latéritiques.
Le chantier du marché Congo a donné l’occasion aux jeunes désœuvrés du quartier Bonadibong d’être recrutés à certaines tâches ouvrières, même en qualité de temporaires. NEO CONGO MALL a bénéficié de la collaboration de la chefferie du quartier pour la coordination de ces recrutements. D’autres petits métiers se sont aussi développés autour dudit chantier : restauration rapide pour le grand bonheur des ouvriers du chantier, les call-boxes, etc …